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Libération
Critique

Pina Bausch, les pieds en éventail

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publié le 20 juin 2002 à 0h01

Après Budapest, Hong Kong, Palerme et bien d'autres villes, la world Pina Bausch a pris ses quartiers pendant trois mois au Brésil. Elle en est revenue avec une pièce souriante, légère. Agua se présente comme un cocktail coloré, tonique et gentiment enivrant. Servi sur un plateau, avec parfois des hôtesses bauschiennes qui apportent des cafés aux spectateurs, le rêve de vacances de la chorégraphe allemande n'a jamais été si bien exposé. Déjà, dans O Dido, fabriqué à Rome, elle flirtait avec les ragazzi en se prélassant dans des hamacs. Ici, elle met les bouchées doubles, à toute allure. Agua est, autant au plan musical (morceau sur morceau) qu'au plan chorégraphique (solo sur solo), un dépliant alléchant, mais un peu touristique.

Tournis. Le dispositif scénique, un espace blanc et clos pour projections vidéo, permet de créer le tournis par le défilement des images. On tangue comme sur le pont d'un bateau, on s'ébouriffe lorsque le vent affole les palmiers, on vibre sur la peau d'un tambour d'une bateria de carnaval. La chorégraphe envoie des cartes postales d'un pays où l'image et la représentation du corps sont des préoccupations quotidiennes. Dans une scène très drôle bien qu'un peu facile, les danseurs se transforment en faune de Copacabana grâce à des draps de bain imprimés de corps idéaux. Pas besoin de chirurgie esthétique, un simple passe-passe et le tour est joué. Le savoir-faire de Pina Bausch est incontestable et il y a ainsi mille petites astuces dans ce spectacle