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Libération
Critique

Charente pointue

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publié le 22 juin 2002 à 0h02

«Qu'est-ce qu'un vieux chorégraphe comme moi peut faire pour ne pas s'ennuyer ?» Un jour, Jacques Patarozzi, 55 ans, plaque tout à Paris. Il ferme sa compagnie en 1998 pour s'installer près d'Angoulême, à Salles-Lavalette. Afin de se refaire une santé, mais aussi parce qu'il se sent de plus en plus éloigné des fonctionnements qui se mettent en place dans la danse contemporaine, dont il demeure un fervent défenseur. «Dans les années 70-80, on oeuvrait pour la liberté de création, l'insaisissable. C'était un engagement total, qui allait au-delà des spectacles. L'individu était au centre de tout. Après 1990, je me suis senti décalé, il n'y avait plus pour moi de mouvement collectif. Et je comprenais bien que tenir aux valeurs des débuts ne marchait plus.»

En plein air. Il y a une dizaine d'années, Jacques Patarozzi rejoint donc sa famille en Charente, dans un environnement on ne peut plus rural. Là, il se repose et cogite. Il ne comprend toujours pas pourquoi les gens de danse ne sont pas des programmateurs, laissant cette activité au monde du théâtre. Le manque de lieu adapté n'explique pas tout. Et comme il commence à s'engourdir dans sa campagne, il s'enhardit et décide de créer voici quatre ans un minifestival. La découverte d'un magnifique site sera déterminante. A une trentaine de kilomètres d'Angoulême, dans le village de Villebois-Lavalette, se dressent des remparts. A l'intérieur, seule subsiste une demeure bourgeoise, et assez de place et de verdure pour installer une