C'est la soprano Renée Fleming elle-même qui a demandé à Hugues Gall de monter une production du Rusalka de Dvorak à l'Opéra Bastille. Un de ses rôles fétiches, dont elle a d'abord enregistré le fameux «air de la lune» sur son récital The Beautiful Voice, avant de livrer une intégrale pour Decca sous la direction de Charles Mackerras. En plus d'être en tchèque, occasion pour la soprano née en Amérique de renouer avec ses racines familiales, l'opéra de Dvorak est dans ses cordes. Ce qui n'était pas le cas de sa dernière incursion dans le bel canto un Pirate de Bellini il y a quelques semaines au Châtelet, jugé sévèrement par la critique. Tout cela pour dire que la première, mercredi dernier, de la production imaginée par Robert Carsen pour l'entrée au répertoire de Rusalka à Bastille était très attendue.
Analytique. Dès l'ouverture, James Conlon se distingue. Il y a les oeuvres qu'il joue avec conscience et passion (Peter Grimes de Britten, le Nain de Zemlinsky et parfois Wagner), et les autres, notamment Mozart, moins chanceux sous sa baguette. Dvorak fait de toute évidence partie des premiers. Même si d'aucuns jugeront insuffisamment poétique la direction de Conlon, force est de reconnaître qu'elle donne à entendre un orchestre de l'Opéra de Paris en majesté : ample, transparent, détails ciselés, souffle romantique et légèreté dansante.
La production, imaginée par Robert Carsen et son décorateur Michael Levine, repose sur un dispositif conceptuel, autant que sur une éléganc