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Libération
Critique

Haskell is back

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publié le 24 juin 2002 à 0h04

Pendant trente ans, il a vécu paisiblement avec ses souvenirs, entre Salisbury et Southampton, dans le nord du Dorset. Personne, dans son voisinage, n'imaginant que ce quinquagénaire barbu et indolent avait jadis usé les mêmes bancs d'école que Robert Fripp, hébergé Jimi Hendrix dans l'appartement londonien que lui avait prêté Eric Burdon, jammé avec Otis Redding, Keith Moon et les Flowerpot Men, collaboré avec Tim Hardin, Alvin Lee et Van Morrison, et même tourné un temps avec Cliff Richard.

Influences jazz. Nul ne se rappelait non plus que Gordon Haskell avait participé à l'enregistrement de deux albums phares du rock progressif anglais : In the Wake of Poseidon (1970) et Lizard (1971), après avoir remplacé Greg Lake comme chanteur de King Crimson. «Je conserve un assez mauvais souvenir de cette période, confie-t-il pourtant aujourd'hui, car j'étais imperméable à la musique que nous jouions.»

De fait, même s'il a débuté en tant que bassiste dans des combos sixties : The Ravens, League of Gentlemen et surtout les Fleurs de lys («Nous partagions l'affiche avec Cream, Procol Harum ou Free»), Gordon Haskell a toujours revendiqué l'influence de vocalistes plus jazzy, tels Ray Charles, Michael Franks ou Julie London. D'où ce contrat signé, en 1972, avec Ahmet Ertegun, le fondateur d'Atlantic, qui allait déboucher sur la commercialisation d'un album au titre hélas ! prophétique, It Is and It Isn't. Car, mécontent, Gordon Haskell dénonce vite l'arrangement : «Je crois qu'entre l'ind