Les toiles, souvent grand format, du Marocain Mahi Binebine et de l'Espagnol Miguel Galanda, réalisées et «à quatre mains», sont de celles qui se définissent avant tout par le choc et l'émotion qu'elles provoquent. Elles «occupent» littéralement le musée de Marrakech, la Fondation Omar Benjelloun, une oasis d'authenticité au coeur de la Médina, qui vaut le détour dans cette ville où les Occidentaux rénovent trop souvent à tort et à travers riads et maisons.
Déjà présent dans les collections du Guggenheim de New York, Mahi Binebine est, à 43 ans, le plus doué des peintres de sa génération dans un pays où cet art est extrêmement dynamique. Il s'est imposé par ses matières (pigments naturels), ses couleurs (celles de sa terre) et ses masques arides venus du fond des âges et de l'héritage africain du Maroc. Bâillonnés ou le regard absent, ils incarnent en évitant tout discours militant grâce à un esthétisme dépouillé à l'extrême l'horreur de la répression que symbolisa, sous le règne de Hassan II, le bagne-mouroir de Tazmamart, où le frère de Binebine passa dix-huit ans.
Questionnement. A 47ans, Miguel Galanda est, lui, connu en Espagne pour la précision de son trait qui esquisse des formes humaines, puissantes, massives. C'est à l'été 2001 que ces amis de quinze ans se lancent, presque par jeu, dans l'aventure d'une peinture à «quatre mains». Une expérience qui constitue une telle source d'énergie qu'ils s'éloignent déjà et trop vite de la veine des premières toiles réali