L'urgence théâtrale va-t-elle avec les saisons ? En janvier : «Comment témoigner sur scène d'une réalité immédiate ?» En juin : «Comment traduire l'impulsion, l'état d'envol qui nous anime quand nous sommes amoureux ?» Depuis six mois, la metteure en scène Juliette Boutillier, de la compagnie Shop Bag Théâtre de Montreuil, propose des expériences de stages insolites aux comédiens amateurs de la région parisienne. Ce week-end, elle a organisé son deuxième rendez-vous de l'année, dont le thème sous-jacent est une obsession chez elle : «Comment passer de l'intime à l'universel ?». Déguisés en oiseaux, les stagiaires ont théâtralisé l'envol amoureux : «On peut faire théâtre de tout, affirme Juliette Boutillier, à partir du moment où, en tant que comédien, on accepte de libérer une parole intime.»

En janvier, au théâtre de l'Echangeur de Bagnolet, elle a présenté dans Bag Ladies (Libération du 16 janvier) le fruit de sa rencontre avec des femmes SDF de Bruxelles et de New York. L'Echangeur lui a demandé de trouver une idée de stage. Juliette Boutillier passe alors l'annonce suivante dans le programme trimestriel du théâtre : «En s'appuyant sur le journal Libération paraissant le week-end du stage, il s'agira de revisiter simultanément le contenu proposé par ce quotidien et de s'interroger sur le problème d'adresse, de l'intime et de l'universel par rapport à l'actualité immédiate.»

Espionne. Parmi les six stagiaires, une journaliste «espionne» de Libération, décidée à comprendre ce