La jeunesse d'aujourd'hui se défie des politiciens, c'est un refrain connu. Aussi la «musique à message», comme on disait dans les années 60, prend-elle une nouvelle signification. En France, certaines associations s'en servent systématiquement pour mobiliser le public sur des thèmes précis. Conscience et Culture, par exemple, a publié le CD Justice pour Mumia (Mumia Abu Jamal reste condamné à mort aux Etats-Unis) en 2001 et travaille actuellement sur le projet «Palestine en banlieue» avec le groupe Baobab (1).
Prudence. En Afrique, où radios et télévisions sont sous influence, la musique est aussi un médium d'information non négligeable (lire ci-dessus). Les musiciens peuvent-ils aller plus loin, et sauter la rampe de l'investiture politique ? Tiken Jah Fakoly envisage l'éventualité avec beaucoup de prudence, et ceux qui ont tenté l'expérience s'en sont mordu les doigts. Dans les années 90, le chanteur camerounais Lapiro de Mbanga, propulsé à la tête d'une campagne contre un décret d'interdiction des vendeurs de rue, avait vu son club et sa voiture incendiés. Femi Kuti, pour avoir voulu forcer le gouvernement nigérian à rétablir l'eau et l'électricité dans des quartiers populaires, a subi toutes sortes de vexations l'an dernier. A Madagascar, la superstar locale, Rossy, risque de payer cher son poste de conseiller culturel dans le gouvernement Ratsiraka : son père spirituel, Dadabe, a été assassiné, plusieurs de ses proches ont eu leur maison incendiée.
Face à ce genre d'inti