Jean-Jacques Aillagon peaufine un plan qui va bouleverser le paysage muséal. Fort de son expérience au Centre Pompidou, qu'il a dirigé six ans durant, et de sa connaissance de ce petit monde, le nouveau ministre de la Culture ambitionne de restructurer en profondeur l'ensemble du dispositif qui organise les musées nationaux, auxquels il entend donner «une autonomie progressive et croissante». Il l'a exposé sans détour dans une lettre de mission confidentielle à la Direction des musées de France (DMF), dont Libération a pu obtenir une copie.
Eclatement. Dans ce courrier, qui préfigure un chapitre de la conférence de presse qu'il donnera jeudi prochain pour exposer l'ensemble de son programme ministériel, Jean-Jacques Aillagon fixe ses grandes orientations sur l'année à venir. Ce qu'il propose n'est rien moins que l'éclatement de l'ancien système, sur la base de son expérience à Beaubourg et d'idées qu'il a déjà développées dans la presse (1). Sa priorité est de céder aux grands ensembles comme le Louvre ou Versailles une complète autonomie de gestion. Ils pourront ainsi récupérer la maîtrise de leurs personnels et de leurs recettes, dont ils ne disposent que partiellement aujourd'hui. C'est en effet une absurdité : la gestion des salles, en particulier, tourne au cauchemar dans ces énormes établissements, dans la mesure où le personnel de surveillance dépend directement du ministère. Jean-Jacques Aillagon semble cependant laisser une certaine marge de manoeuvre à la directrice