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Libération

François Périer aura tout joué

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Le comédien, 80 pièces et 108 films à son actif, s'est éteint vendredi.
publié le 1er juillet 2002 à 0h15

La vie de François Périer, qui s'est éteint à 82 ans, bascule un soir de 1948, quand un homme lui tend un épais manuscrit. C'est Jean-Paul Sartre, le texte est celui des Mains sales. Le rôle de Hugo a été refusé par quelques jeunes premiers plus en vue, mais François Périer l'accepte : dès le lendemain, il répète chez Sartre, jusqu'à l'ultime réplique «non récupérable !». Ce voyage en compagnie de Jean-Paul Sartre sera la grande aventure de François Périer, comédien sans trop d'histoires, même s'il a multiplié les rôles. De Sartre, Périer créa ainsi les Mains sales au théâtre des Ambassadeurs, en 1948, puis enchaîna avec le Diable et le Bon Dieu quelques mois plus tard, avant de mettre en scène et de jouer les Séquestrés d'Altona en 1965, à La Michodière, le théâtre qu'il codirigeait avec Pierre Fresnay. Il reprendra ces trois pièces à plusieurs reprises, le Diable en 1968 à Chaillot, sur la scène du TNP, tout en cuir et en chemise blanche, interprétant Goetz dans l'ambiance qu'on imagine, et les Mains sales, il y a vingt ans, avec le tout jeune Daniel Auteuil. De Sartre, Périer était devenu un proche, et, dans son autobiographie, Profession menteur (le Pré aux Clercs, 1990), il a pu écrire du philosophe : «Sans lui, je serais resté un acteur de boulevard et un homme sans conscience.»

Gavroche persifleur. Rien d'exceptionnel, en effet, chez François Pillu, qui naît à Paris en novem bre 1919, puis grandit dans le quartier de la porte d'Auteuil, ce 16e arrondissement qui savait