Ambiance reggae, vendredi, à la 17e chambre correctionnelle de Paris, où Libération répondait d'une citation en diffamation. L'article incriminé, publié le 27 septembre 2001 sous le titre : «Le reggae, réservoir à tubes entubé», décrivait, après deux mois d'enquête à Kingston et Paris, comment les musiciens jamaïcains se plaignent d'être spoliés par les producteurs et distributeurs. Enzo Hamilton, dont la société Culture Press édite entre autres des compiles de reggae n'a pas apprécié que Libération rapporte que dans les studios jamaïcains, on le traite de «voleur». Beaucoup d'artistes n'aiment guère, eux, voir sortir des compiles sur lesquelles ils ne touchent pas un sou. Il fallut entrer dans les arcanes de l'industrie musicale. Quatre heures et demie de débats à la fois cocasses et désespérants, où l'on vit la procureure s'écrier : «cette affaire est passionnante, mais on aurait aimé écouter ici un peu de musique jamaïcaine».
Sans contrat. Des musiciens jamaïcains, il y en eut. Max Romeo, auteur du premier tube Wet Dream, et le chanteur Winston McAnuff, venus témoigner pour la défense. Max Romeo a enregistré 27 albums en trente-six ans. «Je n'ai été payé que pour 2 ou 3.» La présidente : «Avec qui aviez-vous signé les contrats ?» Romeo : «Il n'y avait pas de contrats.» Ainsi va la musique jamaïcaine, où les deals se font oralement.
Les profits des rééditions et compiles existent, et Romeo n'en a jamais vu la couleur. Pas plus que Winston McAnuff. Et ce dernier ne sait p