George Wein, fondateur du festival de Newport, a été le premier à se fendre d'un couplet laudatif, en déclarant, dès 1987, que se tenait à Montréal «le festival de jazz le plus complet et le mieux organisé du monde». Trois ans plus tard, Leonard Feather, pape chenu de la critique nord-américaine, publiait à son tour un article dithyrambique dans les colonnes du Los Angeles Times, assurant que Montréal était le théâtre du «festival de jazz le plus important au monde». Entretemps, le guitariste stakhanoviste Pat Metheny, plus nuancé, avait qualifié l'endroit, où il n'avait cessé de se produire depuis 1988, avec les Gary Burton, Ornette Coleman, Charlie Haden et autre Jack DeJohnette, de «meilleur festival de jazz au monde».
Difficile, bien entendu, de se montrer objectif dans ce type d'exercice. N'importe quel fêlé alémanique croit dur comme fer que le meilleur festival de jazz de la planète est celui de Willisau, alors que pour le moindre agriculteur mélomane gersois, hors Marciac et son terrain de rugby, il n'est point de salut jazzy.
Science-fiction. Montréal, pourtant, possède un petit quelque chose de plus par rapport à la concurrence, il évolue en effet dans une autre catégorie, une autre galaxie. C'est un peu le Blade Runner du swing tout-terrain. Le Startrek (next generation) de la note bleue. Une manifestation qui, en onze jours, de midi à minuit, accueille, dans huit salles et autour de onze podiums, deux millions de personnes (ce qui constitue exactement le nombre d'h