Laisser tomber ses valises culturelles et imiter la posture des enfants, qui virevoltent entre des forêts de champignons géants en plastique, des murs de fleurs souriantes et des rangées de Pokémon. C'est ainsi que l'Occidental appréciera la nouvelle exposition de la Fondation Cartier, «Kawaii ! Vacances d'été», une carte blanche à Takashi Murakami. Ce Japonais, qui a conquis l'art contemporain avec son pop-art mâtiné de naïveté nippone, présente à Paris un panorama de la jeune création japonaise, joyeux fourre-tout où prédomine le goût prononcé pour le kawaii (mignon, en japonais). S'y côtoient dessinateurs de mangas, designers de logos, concepteurs d'effigies commerciales et artistes plus «classiques».
Mangas. Murakami se pose en Warhol tokyoïte, au point d'avoir créé en 1995 la Hiropon Factory, deux ateliers de graphistes, coloristes et pros du dessin 3D qui réalisent ses oeuvres à Tokyo et à Brooklyn. L'an dernier, il lâche la référence au pape du pop-art pour renommer sa petite entreprise Kaikai Kiki Corporation. Adepte de jeux de mots et d'effets de style, Murakami joue de sa notoriété pour organiser des expos manifestes, censées éclairer les Occidentaux sur le nouvel âge d'or japonais, marqué par la culture populaire des anime (séries d'animation), des mangas (BD devenues cultes) et des gadgets. Soit le fonds de commerce de la génération otaku (ces jeunes vivant leur vie entre dessin animé et jeu vidéo). Murakami met en scène une culture élargie, vision choquante pour