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Interview

Takashi Murakami : «Les Pokémon ont une âme»

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Takashi Murakami, sur le postjaponisme :
publié le 4 juillet 2002 à 0h18

A 40 ans, Takashi Murakami est sans doute l'artiste japonais le plus connu hors de l'archipel. Une équipe d'assistants au Japon et à New York réalise ses oeuvres et autres produits dérivés. Il est aussi commissaire d'expositions manifestes de la jeune création japonaise.

Pourquoi proposez-vous deux expositions, l'une de vos oeuvres récentes, «Kaikai Kiki», l'autre de la jeune création contemporaine, «Coloriage»?

Après avoir commencé ma carrière internationale de commissaire d'expositions avec «Superflat», aux Etats-Unis l'an dernier, j'ai eu envie d'affiner cette proposition en France, à Paris, berceau du japonisme. Et de présenter une facette du Japon contemporain qui ne soit pas seulement l'art un peu clos exposé habituellement hors du pays et la plupart du temps financé par le gouvernement.

Pourquoi avoir choisi de tout mettre sur le même plan, dessinateurs de mangas et artistes, mascottes de magasin et robots en plastique, extraits des émissions télé de Kitano et installations ?

L'idée de sous-culture nous est totalement étrangère. Les mangakas (dessinateurs de mangas, ndlr) sont considérés au Japon comme des artistes à part entière. Ce sont des demi-dieux qui produisent non seulement leurs dessins, mais conçoivent des scénarios et réalisent des séries pour la télé ou le Web. Ils sont beaucoup plus polyvalents que moi et je ne peux que me situer en dessous d'eux. Tout réside au Japon dans ce que vous, en Europe, appelez religion, et que nous nommons shintoïsme. Cette divergence entre la croyance en un seul dieu et l'idée que tous les objets inanimés ont une âme est fondamentale pour comprendre le post-japonisme. Dans mon travail, j'exprime le fait que les fleurs ont une âme, de la même façon que les Pokémon.

Vous évoquez l'émergence du post-japonisme. Qu'entendez-vous par là ?

Le berceau du japonisme est Paris. Par la suite, l'art japonais s'est inspiré de l'art occidental