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Libération
Critique

Bizarre et beau Pippo Delbono

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Avec sa troupe extravagante, l'Italien joue et met en scène trois spectacles.
publié le 6 juillet 2002 à 0h19

L'édition 2002 du festival d'Avignon s'est ouverte vendredi et se poursuit jusqu'au 27 juillet.

Les mots sont simples, et rares. Ils se superposent à la musique ­ Beethoven, Bartok, Chick Corea et les tubes italiens des années 70. Il s'agit moins d'évoquer le temps de l'événement (le tremblement de terre qui anéantit la ville sicilienne de Gibellina en 1968) que de partager les goûts de Pippo Delbono, roi d'un monde poétique, mélancolique et plein d'allégresse. Monde peuplé de majorettes, figures sacrées joyeusement kitsch, clowns frénétiques : les Barboni.

Trace. Il Silenzio est le premier des trois spectacles que Pippo Delbono présente à Avignon. Il en est l'auteur et metteur en scène, mais aussi le personnage central, avec son grand corps massif et doux, et sur son visage un arrondi enfantin, comme une trace, un souvenir. A 43 ans, il a toujours le regard sérieux du gamin qui vient de découvrir un secret de grande importance, d'inventer quel que chose de surprenant, d'inimaginable. Et qu'à toute force il doit proclamer, là, tout de suite, pour tout le monde, droit dans les yeux. «Je ne peux pas faire de théâtre sans regarder le public», dit-il.

Et Delbono regarde. Avec la vigueur que donne l'urgence, il transmet une énergie rageuse dont il joue en maître, comme de la naïveté et de la séduction. Séduire, convaincre, jouer. Dans son premier spectacle, le Temps des assassins (1983), entrecroisement de monologues à deux à propos de la mort, son complice Pepe Robledo et lui allai