Poursuivi par son père, un gamin glisse entre les jambes d'un punk en cuir et collier à pointes qui consulte un plan, l'air absorbé. Gênée par une longue robe et des talons hauts, une dame âgée, l'air distingué, se fraie un chemin dans la foule. Samedi, sur l'hippodrome de Longchamp à Paris, les gens se mêlent sans préjugés. Il s'agit de la quatrième édition de Solidays, festival organisé par l'association Solidarité sida.
«Quasi-harmonie». «C'est l'occasion de faire passer un message de tolérance. Homos, hétéros, trans, tout le monde vit en quasi-harmonie ici», raconte soeur Eve Dune Nuit du couvent de la Perpétuelle Indulgence, mouvement homosexuel né à San Francisco en 1979. La bouche peinte en violet, les mains chargées de lourdes bagues, elle continue d'une voix aiguë : «Ces jeunes du 9-3, s'ils me croisent dans la rue, ils fuient en me traitant de "pédé". Ici, je peux discuter avec eux.» Elle minaude en tripotant son voile de religieuse, mais sous son maquillage, le regard est grave.
Les visiteurs zigzaguent entre les scènes, forums, baraques de frites et préservatifs géants. Le village associatif ne désemplit pas. SOS Racisme, Droit au logement, Médecins du monde, toutes les causes cohabitent. Le soleil tape. La plupart des personnes se sont allongées dans l'herbe en attendant le premier concert. Devant les manèges, les files d'attente s'allongent. Tout à coup, les têtes se lèvent. Une fille qui vient de sauter à l'élastique du haut d'une grue se tortille au bout d'une