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Libération
Interview

«Quand j'ai commencé, Man Ray n'intéressait personne»

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publié le 9 juillet 2002 à 0h20

Jovial, il confesse n'être jamais venu, auparavant, en Arles. Pourtant, le milieu professionnel et les galeristes, eux, connaissent bien Enrique Ordonez. A 56 ans, il apparaît comme un collectionneur atypique : assez riche pour s'être constitué un ensemble éclectique, dont les fleurons sont présentés au musée de l'Arles antique et qui devrait bientôt servir de noyau à la création d'un Centre d'art contemporain à San Sebastian (lire ci-dessous). Mais pas fortuné à la façon des magnats américains, pour lesquels les fonds d'images virent à l'investissement systématisé, dont l'orientation est déléguée à des curateurs spécialisés. Pour Enrique Ordonez, la photographie est une passion qui reste affaire d'arbitrages et de goût personnels.

Comment avez-vous constitué votre collection ?

Je dirige, à San Sebastian, une agence spécialisée dans la promotion des institutions et des entreprises. C'est un métier qui implique une sensibilité particulière à l'image. Avec ma femme, nous nous sommes mariés très jeunes et avons collectionné très tôt, d'où les deux noms : Falcon pour elle, Ordonez pour moi. Nous avons démarré par la peinture contemporaine, Tapies, Picabia, avant de nous offrir des meubles. Dès le début, nous avons opté pour une palette internationale : je crois à la nécessité d'ouverture, pour apprendre à se connaître soi-même. Mais, durant les années 80, ce type de peinture a connu un boom qui en a rendu les prix de plus en plus inaccessibles. Nous nous sommes réorientés vers la