Montbrison envoyé spécial
«Certes, il est malheureux de voir partir le patrimoine français», a admis, hier au tribunal correctionnel de Montbrison (Loire), un avocat qui n'en a pas moins plaidé la relaxe de ses clients. Par cette concession liminaire, il a reposé l'enjeu d'un procès hors norme, le premier en France d'un réseau international de trafic d'oeuvres d'art (lire Libération d'hier). Cette organisation est soupçonnée d'avoir, en un an et demi, fait disparaître des milliers de peintures, statues du XVIe au XIXe siècle, tapisseries d'Aubusson, armes de collection, pendules, cartels ou candélabres. «Un camion plein tous les quinze jours», lance le procureur, Gilbert Emery, qui impute à la structure plus de 600 cambriolages dans toute la France, alors que le procès ne porte que sur les faits commis dans la région lyonnaise. Les moyens financiers donnent une idée des profits considérables tirés du trafic d'art, puisque le chef du réseau aurait dépensé de quinze à vingt millions de francs (2,2 à 3 millions d'euros) pour acheter des antiquités à des bandes locales, rien que dans cette région et ce laps de temps. Le bénéfice annuel, projeté sur toute la France, pourrait aisément se monter à plusieurs millions d'euros. Revendus généralement le double ou le triple, les objets étaient rapidement recyclés sur le marché de l'art, aux Etats-Unis notamment. Presque rien n'a été retrouvé.
Quatorze ans. L'assistance frémit en entendant le procureur réclamer des peines très lourdes. Qua