Encore peu connu en France, mais réputé outre-Atlantique, Larry Sultan, à 56 ans, s'est fait une spécialité de sonder l'envers de l'American way of life. Rencontre en marge d'une exposition et de la rétrospective que lui consacrent ce soir les Rencontres d'Arles.
Qu'est-ce qui vous a conduit sur les plateaux du porno à Los Angeles ?
Ce ne sont pas des plateaux. Les films se font en décors réels, dans de vraies villas bourgeoises, à deux pas de la rue de mon enfance et de la maison de mes parents. La valley de San Fernando, banlieue résidentielle de Los Angeles, est devenue la capitale mondiale du porno. Des avocats, des dentistes louent couramment leur maison à des équipes pour une semaine ou quelques jours. C'est une manière banale, reconnue, de se faire de l'argent, au vu et au su de tous. Ils abandonnent les lieux aux projecteurs, en laissant leurs bibelots, leurs photos de famille. Les voisins suivent les opérations en arrosant leur pelouse. Les scénarios sont là dans leur cadre, puisqu'ils ciblent cette même clientèle. Imaginez le vide des journées, dans ces maisons qui symbolisent la consécration de la réussite à l'américaine, quand la vie de famille retombe. Le confort, l'ennui, l'attente. On y passe le temps à fantasmer un quotidien peuplé de visites de collégiennes, de postiers, de réparateurs.
Pour moi, ce travail se situe dans la continuité de ce que j'ai fait précédemment : il est moins centré sur le sexe que sur sa mythification. C'est une autre façon d'explorer le