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Libération
Critique

Serviteurs de tartes à la crème

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publié le 10 juillet 2002 à 0h21

Sur le papier, Commedia del Servitore du Bulgare Stefan Moskov relèverait d'un jeu subtil sur les conventions sociales et théâtrales : placer sous les feux de la rampe ceux qui font vivre toute une littérature théâtrale ; les valets, symboles d'un théâtre vivant, ingénieux, non littéraire, au parfum de langue parlée. En somme, donner la part belle aux seconds couteaux par un coup de projecteur sur trois couples maître-subalterne : Dom Juan et Sganarelle dans la pièce de Molière, Don Quichotte et Sancho Pança de Cervantes, Arlequin et ses deux maîtres dans la pièce de Goldoni.

Dans un décor neutre (des pans de murs encartonnés) qui rappelle des coulisses, on rejoue là en version accélérée l'essentiel des trois oeuvres. Un critique portant lunettes épaisses et mèche rebelle fait le lien entre les séquences. Car il s'agit presque ici d'un montage cinématographique : un pianiste accompagne, comme dans un film muet, les comédiens qui, durant plus d'une heure, enchaînent les situations à la vitesse de l'éclair dans une ambiance de cabaret.

Vieux débat. Moskov a le mérite de ne pas trop se prendre au sérieux. Heureusement, car sa Commedia relève souvent plus de l'humour tarte à la crème que d'une réelle relecture. Passé les dix premières minutes, la surprise cède à l'ennui. Caricatural parfois, démagogue souvent, Moskov reprend à son compte le bon vieux débat théâtre populaire versus théâtre élitiste, et s'enorgueillit de se placer du côté des «petits». Sauf que les valets en questio