A ceux qui ne cessent de prédire la mort de la haute couture, on répondra que c'est un cadavre bien vivant, une agonie pleine de sursauts, de rebondissements. En avant-première des défilés haute couture hiver 2002-2003, le créateur Yohji Yamamoto présente sa collection prêt-à-porter été 2003. Bizarrerie du calendrier ou stratégie pour devenir couturier ?
Comme Jean-Paul Gaultier, Yamamoto fait partie de ces talents qui ont su imposer leur style au fil du temps ; glisser vers la couture lui permet de pérenniser sa griffe. Il rend d'ailleurs hommage à l'âge d'or de la haute couture avec un tour d'horizon de ses grandes amours Made in Paris. Il décline, dans des lainages secs, les vastes pantalons de pyjamas à la Schiaparelli. Libérées de leur emphase, ses jupes new look prennent une nouvelle grâce austère. Aux escarpins, Yohji Yamamoto préfère des Creepers, en guise de rangs de perles, des chaînes de métal échappées du sous-sol du BHV. Subtil, le créateur japonais muscle l'ultraféminin et adoucit les pièces issues de la garde-robe masculine comme ces bleus de chauffe vaguement drapés d'où s'échappent des noeuds extravagants. A travers un prêt-à-porter qui n'en est plus vraiment un, Yohji Yamamoto flirte avec la haute couture.
Vêtements éclatés. Anne-Valérie Hash tente, pour sa part, de lancer sa griffe. De la couture, elle ne retient que les ciseaux, se livrant à un déconstructivisme certes gracieux mais d'un autre temps. Les blazers découpaillés s'enroulent sur le buste, les