S'il les aime tous les jeunes, les vieux, les beaux, les moches, les malins et les idiots ce n'est pas par gentillesse, mais par solidarité. Toutes les pièces de Goldoni (1707-1793) semblent portées par un sentiment d'appartenance au groupe. Lorsqu'on les lit ou qu'on les écoute, on a toujours l'impression que l'auteur est quelque part au milieu de ses personnages. Il est peu d'exemples au théâtre d'une familiarité pareille : on n'imagine pas Molière habitant la maison du Bourgeois gentilhomme ou Labiche en Monsieur Perrichon. Même Tchekhov, que l'on se figure volontiers en médecin de Tchekhov, reste dans une position d'observateur. Alors que Goldoni est vraiment en famille. Il n'accuse pas, ne méprise pas, n'excuse pas, il montre. Que cela soit drôle ou follement triste, il ne juge pas.
Cet esprit de connivence est contagieux. Pour les spectateurs, les pièces de Goldoni ne sont jamais intimidantes. Au bout de cinq minutes, on oublie les différences d'époque, d'habitudes, de costumes : on y est et on en est. De l'humanité de l'auteur, Giorgio Strehler a donné toute sa vie un témoignage qu'il est impossible d'oublier. Mais Goldoni n'appartient à personne. Quand Michel Galabru joue les Rustres, c'est aussi un moment de théâtre inoubliable.
Au cloître des Carmes, Jean-Louis Benoit, qui a repris cette année la direction du théâtre national de la Criée à Marseille, propose une adaptation de la Trilogie de la villégiature qui ne rebutera personne. Les trois pièces réunies et c