Le millésime 92 des Découvertes de RFI, à l'époque où le concours portait encore bien son nom, fut l'un des plus glorieux de ses quelque vingt ans d'existence, avec le couronnement d'une sublime inconnue du nom de Susana Baca. Fascinés par la personnalité de la lauréate sud-américaine, les journalistes n'accordèrent pas au lauréat africain l'attention qu'il méritait peut-être. Il est vrai que le groupe N'Java, bande de potaches du sud de Madagascar, pouvait difficilement rivaliser avec la diva péruvienne.
A peine débarqués de leur île natale, attifés de jupettes ras-de-pet et costars à paillettes, les jeunes (tous frères et soeurs) s'accrochaient aux recettes d'une variété internationale qui, dans leur région, fit d'eux des stars. Bons musiciens, sans doute ; mais à vouloir séduire, on perd souvent son âme, et à tout savoir faire, son identité. Boudés par la presse «world», ils décidèrent pourtant de s'installer en Belgique et de s'accrocher. Il leur fallut trois ou quatre ans pour tirer les leçons de leur relatif échec ; mais dès 1996, programmés au Womex (sorte de Midem de la world music), ils volaient la vedette à Mansour Seck, qui passait sur la même scène : tandis que le fin guitariste de Baaba Maal s'égarait dans des orchestrations alambiquées et bruyantes, les Malgaches emportaient la salle avec un spectacle épuré, presque mystique.
Transe. Réduit à cinq musiciens, sous la houlette du guitariste Dozzy (le douzième rejeton de cette famille à rallonge), le groupe exploita