Menu
Libération
Critique

Hérisson à «la Noce»

Article réservé aux abonnés
publié le 12 juillet 2002 à 0h23

Les mariages chez Brecht sont en gros comme chez nous : on y chante, on y danse, on boit et tout le monde trinque. Pièce de jeunesse (1919) de celui qui n'avait pas encore inventé la distanciation, la Noce chez les petits- bourgeois traque en un acte tous les travers de porc d'une civilisation en déliquescence. Cette mécanique d'enfer fait les délices de spectacles amateurs, tant ses dialogues, tout en tac au tac, offrent aux novices d'occasions de morceaux de bravoure tout en laissant l'esprit tranquille aux bailleurs de fonds, réjouis par un décor unique à base de table et chaises.

Truie. Olivier Perrier, qui dirige avec Jean-Paul Wenzel le théâtre des Fédérés de Montluçon, n'est pas un débutant. Depuis vingt-sept ans, il anime à Hérisson dans l'Allier, son village natal et néanmoins médiéval, des rencontres estivales mêlant professionnels et bestiaux (la truie Bibi, aujourd'hui disparue, fut longtemps la Sarah Bernhardt de cet Avignon miniature), poètes et paysans, fanfare et conseil municipal, public local et touristes avertis. Cahier des charges pour le Brecht de saison : gradins et plateau à ciel ouvert, et distribution idem puisqu'on y trouve des élèves du conservatoire de Paris et du TNS, une metteuse en scène de Clermont, un clown et un régisseur aux épaules de déménageur, pourtant passé sans encombre de l'autre côté du miroir. Pour décor (François Mercier), une boîte à portes battantes où hurlent couleurs géométriques savamment déglinguées, une table de banquet, que