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Libération
Interview

«Alexandrie» Alexandrame

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publié le 13 juillet 2002 à 0h23

Mille pages, quatre livres, une épopée avec la ville d'Alexandrie pour personnage central, Alexandrie cosmopolite de l'entre-deux-guerres, «grand pressoir de l'amour», «cinq races, cinq langues, une douzaine de religions». Le Quatuor d'Alexandrie, publié à la fin des années 50, est un de ces livres dont on apprend par coeur à 20 ans des pages dont on se souvient à 40. Impossible d'imaginer enfermer une telle démesure dans un spectacle.

Le metteur en scène Stuart Seide s'y essaye, dans le décor grandiose de la carrière Boulbon, sous une nuit provençale pas si éloignée de la nuit chypriote où Lawrence Durrell conçut son roman. Les spectateurs s'embarquent pour une traversée au long cours, plus de cinq heures qui laissent un goût d'inachevé. Ou de trop achevé.

Des quatre livres du Quatuor, Justine, Balthazar, Mountolive et Clea, Seide tire un synopsis qui tient la route : il déroule la chaîne des amours blessées de Justine, Nessim, Melissa, Pursewarden, Clea, Narouz, Leila, Mountolive et Darley. L'oeuvre est construite selon le principe de la relativité : les trois premiers livres racontent la même histoire mais en changeant les points de vue. Le quatrième revient sur les événements écoulés, mais permet surtout de sortir du cercle : l'histoire s'y remet en marche. L'amour fou du narrateur pour Justine, dans la première partie, se ternit dans Balthazar à mesure que le portrait se complète. Dans Mountolive, la montée de la guerre et la complexité de la situation politique replacent