Voilà. C'est pour des moments comme celui-ci qu'on continue d'aller à Montreux, à l'encontre de toute logique. Que l'on supporte depuis des années les tiraillements d'un festival jadis exemplaire, désormais perverti par une politique de soirées thématiques qui rend le deuxième tiers de son intitulé risible. «Et il est où, le jazz ?» pourraient scander les festivaliers helvètes, parodiant ainsi les habitués du Stade de France, sans que l'on voit dans cette question légitime la moindre trace de malice. Car, après dix jours de concerts non-stop, qui osera prétendre que les amateurs de chabada, les fêlés du swing, les obsédés du stop-chorus, ont trouvé de quoi alimenter leurs manies respectives, au vu de la programmation ?
Magie. En vrac : Chris Rea, RatDog (groupe rassemblé par Bob Weir, ex-Grateful Dead), Bush, Paul Simon, Bilal, Jamiroquai, Muse, Marianne Faithfull, Cake, Joe Satriani (qui affiche un nouveau look seyant à la Vin Diesel), Lambchop, Mercury Rev, Irmin Schmidt (ex-Can) & Kumo, Garbage, etc. En attendant Joe Cocker, Air, Cornelius, UB 40 et David Bowie, dont la passion adolescente pour Eric Dolphy et John Lewis, bien qu'elle le distingue de la plupart de ses congénères rockers, ne justifie en rien sa participation à un monumental raout prétendument jazzy.
Et puis, au moment où l'on s'y attend le moins, voici que renaît la magie. Une annulation de dernière minute, celle de l'Elastic Band de Joshua Redman, pour des raisons encore obscures, et, pin-pon, pin-pon, débar