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Libération
Critique

Hommes et oiseaux font bonne Ménagerie

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publié le 20 juillet 2002 à 0h27

Quand le soleil se couche, les oiseaux se mettent à parler, échassiers et palmipèdes en robes du soir arpentent le Jardin des Plantes. Embrochées, empaillées, mises en cage, les volailles crient vengeance. Marionnettes et comédiens du Nada Théâtre se mêlent aux animaux de la ménagerie pour conter les joies et les peines de l'oiseau migrateur. Jean-Louis Heckel, metteur en scène de cette fable «ethno/ornitho/fantasque», veut redonner la parole à ceux qui, dans les mythologies anciennes, étaient semblables aux dieux. «Ils sont un lien entre le ciel et la terre, le mystique et l'humain. De là où ils sont, ils voient beaucoup de choses et j'aime penser qu'ils ont volontairement cessé de babiller.»

Illusions. Les comédiens se mêlent à la foule. Surgie de nulle part, une grosse oie se moque : «Vous marchez comme une poule», tandis qu'une vamp en fourreau noir récite des haïkus. Agaçantes, aguicheuses, insolentes, enjôleuses, les bêtes à plumes escortent le badaud dans un monde de faux-semblants et d'illusions. Icare cherche son père, un poussin perdu réclame un câlin, un coucou un peu toqué veut placer ses oeufs en Bourse. Les visiteurs basculent de l'autre côté du miroir. Alpagués par un casoar juché sur une bicyclette, trois minets BC-BG se prennent au jeu et couvent des oeufs. L'air décidé, un bébé blond quitte les bras de son père pour tirer sur le bec d'un canard trop bavard. Loin de la foule, une vieille femme, yeux clos, écoute le poème, qu'un grand oiseau noir lui susurre.

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