Ce type-là affiche une manie déplorable : il est incapable de composer une mélodie qui ne se transforme immédiatement en standard. «Pourtant, quand j'écris une chanson, se défend-il, je ne me pose jamais la question de savoir si celle-ci va convenir à tel ou tel interprète. Je compose avant tout pour moi. Maintenant, si quelqu'un décide de reprendre un de mes titres, je ne vais pas me plaindre. J'en suis même plutôt flatté.»
Aussi la plupart de ses chansons sont-elles plus connues dans les innombrables versions qu'en ont données ses épigones que sous leur format original. Objet d'un véritable culte dans l'univers des songwriters, Guy Clark (61 ans) constitue en effet un inépuisable réservoir pour ses confrères countrymen : Bobby Bare (Let Him Roll, New Cut Road...), Johnny Cash (Texas 1947, The Last Gunfighter Ballad...), Jerry Jeff Walker (L. A. Freeway), Johnny Rodriguez (Fools For Each Other), Ricky Skaggs (Heartbroke), The Highwaymen ou même Walter Brennan (Desperados Waiting for a Train), etc. Probablement à cause des thèmes spleenétiques qu'il se plaît à aborder tout au long de ses couplets désenchantés.
Façon Kristofferson. Guy Clark se révèle en effet essentiellement préoccupé par la situation des paumés, alcooliques, prostituées et autres solitaires désabusés, toutes ces petites gens entrant dans la catégorie loser qu'il aime à dépeindre avec une sensibilité et une justesse de ton à rapprocher de celles déployées par le maître du genre : Kris Kristofferson, parolier r