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Libération

Alan Lomax prenait la musique américaine à la racine.

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Mort du musicologue américain, infatigable archiviste.
publié le 29 juillet 2002 à 0h31

Chez les Lomax (un peu comme chez les Hammond), on possédait la fibre ethnomusicologique de manière quasi dynastique. Ainsi, John, le patriarche, né au siècle dernier à l'époque de la ruée vers l'or, de la fusillade à OK Corral et des villes fantômes, aimait-il par-dessus tout collecter ces bonnes vieilles rengaines de cowpunchers qu'il devait compiler un jour sous l'intitulé Cowboy Songs and Other Frontier Ballads. Mais ce vice-président de la Republic National Bank de Dallas était également fasciné par le répertoire musical afro-américain : chants de travail, blues, gospels, spirituals... Passion qui allait le conduire à abandonner définitivement coffre-fort et guichet afin de sillonner le Sud dit profond, à la recherche de quelques obscurs chanteurs errants, prétendument gardiens de la tradition, dont il avait vaguement entendu parler, juste après la Grande Dépression.

3 000 disques. A ses côtés, chargé du maniement d'un magnétophone aussi archaïque qu'encombrant, son fils Alan, né en janvier 1915 à Austin, diplômé de philosophie et fier comme Artaban. «Ce qui était frappant avec Alan Lomax, dira plus tard le pape du folk Pete Seeger, c'est qu'en le côtoyant, on réalisait tout de suite qu'il ne se contentait pas d'effectuer un simple travail de collecteur. C'était aussi un prosélyte et un prêcheur.» Aussi, explorant scrupuleusement les endroits les plus improbables des Etats ségrégationnistes, les Lomax vont-ils affronter des situations quelquefois délicates, conséquence d