Que voir en priorité à Arles, parmi la vingtaine d'expositions des Rencontres internationales de la photographie ? D'abord les quatre «pans» de la rétrospective Koudelka (cf. Libération du 5 juillet), qui constituent l'incontournable plat de résistance de cette trente-troisième édition. Puis, pour ceux que n'effraie pas la fidélité au noir et blanc, et qui apprécieront d'en nuancer la gamme : Titarenko. Deux extrêmes. Autant les images de Joseph Koudelka sont charbonneuses et contrastées, autant celles d'Alexey Titarenko apparaissent diaphanes. L'un flirte avec la dimension cosmique, l'autre confectionne des vignettes polarisées sur sa ville, Saint-Pétersbourg : ses photos bénéficient, tout en haut du Musée Réattu, d'un accrochage si assiégé de soleil que le panorama du Rhône (sur lequel ouvrent les fenêtres) vient abusivement y mêler ses reflets à ceux de la Néva. Dans cette ambiance surexposée, l'exposition frappe, de prime abord, par sa pâleur.
Flou et immobilité. Les photos d'Alexey Titarenko sont grises, et même «très grises» comme l'a judicieusement remarqué, paraît-il, l'un des responsables d'une institution photographique française. Dans la même veine critique, il aurait pu finement ajouter qu'elles sont aussi un peu «floues». Opalescentes, usées, passées, comme des plaques de daguerréotype. On les sonde du regard, sceptique, à la recherche de ce genre de fantômes qui vivent, d'après les romans, derrière la glace piquée des vieux miroirs... On les y trouve.
Figé dans l