En 1965 était publié un étonnant ouvrage, le Renard pâle, coécrit par deux grands spécialistes du peuple dogon, Germaine Dieterlen et Marcel Griaule. Ce dernier était déjà l'auteur, quelques années auparavant (en 1948), d'un fabuleux Dieu d'eau, fruit de trente-trois jours d'entretiens avec un vieux chasseur aveugle du nom d'Ogotemmeli. Deux livres essentiels pour comprendre l'univers des Dogons, installés depuis le XIIIe ou le XIVe siècle sur la falaise de Bandiagara (au Mali) et dont la cosmogonie est certainement la plus riche et complexe de toute l'Afrique de l'Ouest.
Aujourd'hui encore, le rite du renard pâle est toujours bien vivace et se déroule de la façon suivante : au coucher du soleil, le devin vient préparer la table de divination. Il dessine sur le sol un rectangle qu'il divise en cases symboliques à l'intérieur desquelles il place des graines d'arachide ainsi que des bâtonnets ou des cailloux disposés en fonction des questions qu'il veut poser. Au petit matin, il vient lire et interpréter la nouvelle configuration redessinée par le passage du renard qui, en venant manger les graines, a laissé ses empreintes et modifié l'emplacement des bâtonnets.
Culture vivace. Une table de ce type est actuellement montrée dans l'exposition les Mondes dogons. Sa présence témoigne de la volonté du commissaire de la manifestation (Moussa Konaté) et de l'équipe dirigeante de l'abbaye de Daoulas (dont Michel Le Bris, le directeur général) de ne pas uniquement privilégier l'angle mus