Quarante films d'Allan Dwan sont programmés à Locarno. C'était un très grand cinéaste, le chaînon manquant entre le fondateur du classicisme américain, DW Griffith, et ses deux disciples les plus célèbres, John Ford et Raoul Walsh. Si le nom de Dwan est moins connu que celui de Ford (qu'il fit débuter comme accessoiriste et homme à tout faire), c'est la faute à la télévision. Un cinéaste ne saurait exister si la télé l'ignore. Qu'on se rappelle l'étrange histoire de Raoul Walsh. Il y a quatre ou cinq ans, personne ne connaissait son nom. Depuis que Cinétoile et Ciné Classics l'ont programmé, c'est simple, il est devenu un classique. C'est bien, c'est mal, allez savoir. Disons que c'est comme ça. La vie et la mort des cinéastes tiennent à peu de chose. Elles tiennent à ce petit bout d'écran ridicule, tenu encore en suspicion par trop de cinéphiles nostalgiques des salles qu'ils n'ont même pas connues. C'est cette même télé, en l'occurrence Arte, qui passait il y a deux semaines l'un des chefs-d'oeuvre d'Allan Dwan, le rarissime Tide of Empire (Naissance d'un empire), son dernier muet. N'y pas parler semblait dérisoire tant il était évident que le silence lui donnait des ailes.
Le plus grand cinéaste oriental de l'Ouest américain
Moins épique que Griffith, l'art dwanien repose sur un sens extraordinaire de l'équilibre, un sens de l'harmonie qu'il ne partage avec personne. C'est le cinéaste de la mesure et du bonheur, une sorte d'Ozu bonhomme ou de Mizoguchi rieur. Depuis les ann