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Libération
Critique

Rabinovitch suit son trip

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publié le 5 août 2002 à 0h35

Début d'après-midi, dans la cour du château de l'Empéri. D'une salle à la porte ouverte s'échappent des arpèges debussystes en boucle. Ce mystérieux trio qui semble travailler sa vitesse d'exécution est composé du flûtiste Emmanuel Pahud, du clarinettiste Paul Meyer, et d'Alexandre Rabinovitch, pianiste bien connu des fans de Martha Argerich, avec laquelle il a enregistré des Rachmaninov et des Brahms, mais également ses propres compositions concertantes (Incantations) ou de chambre (Die Zeit). «Plus "tenuto", plus expressif», enjoint le compositeur pour cette première répétition de ses Trois Guna, avant que Paul Meyer ne se pose des questions de dynamique pour cette pièce qui verra tous les instruments ­ auxquels s'adjoindront les marimbas de Florent Jodelet ­ électrifiés «pour un maximum de décibels», dixit Rabinovitch. Dans la matinée, le compositeur prévenait toute critique : «Défi aux interdits d'une so ciété, la soi-disant musique d'avant-garde n'a produit que du néant, et n'existe encore que parce qu'elle est subventionnée.» Et Rabinovitch d'évoquer «cette secte religieuse dirigée par un homme [sous-entendu Pierre Boulez] qui a jeté l'anathème sur tout le monde et dont les thèses ont bénéficié de plus de propagande encore que les idées communistes...».

«Musique nouvelle.» Né à Bakou, sur les rives de la mer Caspienne, le 30 mars 1945, Alexandre Rabinovitch a été élevé par sa grand-mère. Un piano, trois partitions et deux disques lui suffiront pour apprendre à lire, jou