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Critique

«La Cerisaie» trouve son écho dans «la Chute»

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publié le 8 août 2002 à 0h37

Il n'y a pas d'espoir dans la Chute de Biljana Srbljanovic (1). Aucune raison d'actionner la lourde porte du fond de scène pour laisser pénétrer cette lumière magique de la forêt qui, depuis plus de cent ans que le Théâtre du peuple existe, arrache des cris d'émerveillement au public de Bussang. La porte reste close, donc, fait rarissime, sinon audacieux, dans l'histoire du théâtre vosgien. Et c'est ainsi que le metteur en scène, Jean-Claude Berutti, signe son départ, après avoir assuré la direction artistique du lieu pendant six ans. Outre la petite entorse au folklore local, cette première création en France de la Chute ­ pièce sinistre et loufoque d'une jeune auteure serbe diablement clairvoyante sur l'histoire récente de son pays ­ prouve que cette commune des Vosges peut se targuer de faire découvrir des textes contemporains.

Pour son dernier geste à Bussang, Berutti a choisi de monter en résonance deux pièces écrites à presque un siècle d'écart. L'une comme l'autre, sous couvert de comédie mais dans des registres d'écriture très différents, annoncent la fin d'une époque. Naufrage d'un monde ancien, angoisse au seuil d'une aube nouvelle, et le douloureux passage de l'un à l'autre sont les thèmes qui traversent la Cerisaie de Tchekhov comme la Chute de Biljana Srbljanovic. Aux mots de l'étudiant Trofimov chez Tchekhov, «l'humanité marche en avant, elle perfectionne ses forces. Tout ce qui, pour elle, est aujourd'hui inaccessible, un jour sera tout proche et clair», font é