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Critique

Mono Blanco, le tempo de Veracruz

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publié le 9 août 2002 à 0h37

Vous n'avez jamais entendu de son jarocho ? Ce genre musical propre à la région de Veracruz, sur la côte caraïbe du Mexique, a donné à la musique populaire du siècle passé un de ses fleurons : la Bamba, thème du folklore électrifié par le pionnier du rock chicano, Richie Valens. Et si le son jarocho est en plein renouveau aujourd'hui au Mexique, il le doit au travail acharné du groupe Mono Blanco, «le singe blanc», du nom d'une montagne (magique) de la région.

Le son jarocho se joue avec des instruments à cordes : la jarana, à vocation rythmique, le requinto, petite guitare, et la harpe ; ces deux derniers portent la mélodie et improvisent tour à tour. La percussion est donnée par le claquement des semelles des danseurs : le zapateo. L'exécution peut atteindre (c'est le cas avec Mono Blanco) des sommets de complexité rythmique, sans jamais perdre de sa fraîcheur de danse de village. «On peut définir le son jarocho comme une musique baroque africanisée, explique Gilberto Gutierrez, fondateur du groupe. Le requinto est en effet un descendant direct de la guitare apportée par les Espagnols au XVIe siècle. Et le port de Veracruz, par ses échanges avec les îles des Caraïbes, Cuba en particulier, est exposé à l'influence africaine depuis des siècles.»

Quand le groupe s'est fondé, en 1978, «cette musique était reléguée aux oubliettes, en grand péril d'extinction. Mais nous avons eu la chance de rencontrer Don Arcadio Hidalgo, poète, chanteur et danseur. A 88 ans, c'était une véritabl