Yoko Ono, qui l'utilisa avec Ringo Starr sur un album du Plastic Ono Band, l'orchestre qu'elle codirigeait avec John Lennon, prétend qu'il lui fait penser à «un gentil génie, tout droit sorti d'un conte des Mille et Une Nuits». Lou Reed, qui n'a jamais manqué un seul de ses concerts new-yorkais depuis sa découverte du disque Change of the Century, assure que «sa musique a joué un rôle essentiel dans la façon dont [il a] appris à structurer» ses solos de guitare. Thurston Moore, célèbre vinyle freak et fondateur de Sonic Youth, groupe phare du rock épileptique, affirme voir en lui «l'un des plus grands compositeurs américains contemporains». Woody Allen soi-même, honorable clarinettiste, pris à partie à la veille d'un show sold out parisien par quelqu'un qui lui demandait s'il n'était pas embarrassé de se produire dans une salle (l'Olympia) qui venait d'annuler un concert de Coleman pour cause de location insuffisante, répondit, sincèrement navré : «Ce que vous m'apprenez là me bouleverse. Comment oserais-je me comparer, moi médiocre instrumentiste, à quelqu'un que je considère comme un monument du jazz moderne ?» Quant au Toulousain Claude Nougaro, qui, en bon voisin de studio, l'invitera un soir à souffler sur l'une de ses chansons (Gloria), il reconnaîtra volontiers, une fois la session terminée : «Putain con ! J'en ai eu pour mon pognon !...»
Avant-gardiste. Autant de témoignages irréfutables con cernant l'unanimité provoquée par Ornette Coleman dans les diverses sphères d