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Libération
Critique

Le festin de «Der König Kandaules»

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publié le 10 août 2002 à 0h38

Découvert récemment, Alexander Zemlinsky fait partie avec Korngold, Schreker et Wellesz, des compositeurs «dégé nérés», ces musiciens contraints à l'exil par le régime nazi, que Peter Ruzicka, nouveau directeur du festival de Salzbourg (lire ci-dessous), a choisi de programmer pendant son mandat aux côtés de Mozart, de Strauss et d'ouvrages lyriques du XIXe siècle délibérément écartés par son prédécesseur, Gérard Mortier.

Peu ont déjà entendu Der König Kandaules d'après une pièce de Gide, tout aussi méconnue, le Roi Candaule. Et pour cause. Achevée en 1936, la partition non orchestrée a été reprise par Zemlinsky en 1938, qui en a récrit et orchestré les 850 premières mesures, et l'a laissée telle quelle jusqu'à sa mort en 1942. On se souvient qu'approché par la veuve de Berg pour compléter le troisième acte de Lulu, Zemlinsky avait refusé, n'osant ajouter une seule note au chef-d'oeuvre de son ami, disparu en 1935. Mais Lulu n'en a pas moins été donné tel quel, avant la création mondiale de la version complète par Boulez et Chéreau en 1979 au palais Garnier.

Sortilèges. Sans être comparable au chef-d'oeuvre de Berg, Der König Kandaules méritait l'orchestration scrupuleuse du musicologue et chef Anthony Beaumont, dévoilée en 1996 à Hambourg. Ce rappel historique n'est pas inutile, car c'est sous l'influence évidente de Lulu que Zemlinsky a repris son ouvrage, choisi de caractériser par un motif mélodique ou rythmique chacun des personnages du prologue et a osé clusters chromati