Il y avait en elle de l'adolescente éternelle. Un quelque chose de hiératique en sa blondeur peu austère. Comme une distance, une exigence. Elle avait l'élégance un brin farouche des femmes dont la raison de vivre tient à l'amour absolu qu'elles portent à un homme, et pas n'importe lequel. Avec la comédienne Pascale de Boysson, qui s'est éteinte vendredi, disparaît la compagne de Laurent Terzieff, ce cavalier seul né Tchermerzine en 1935.
C'était quatre ans avant la guerre, une certaine Pascale de Boysson avait 12 ans. Probablement ces deux-là, sans le savoir, virent-ils en 1949 la mise en scène par Roger Blin de la Sonate des spectres de Strindberg. Spectacle fondateur qui les métamorphosa en anges ou en fantômes d'un monde singulier, le Théâtre. Déjà, ils admiraient les mêmes artistes. Elle suivait les cours de Tania Balachova. Lui débutait dans une pièce d'Adamov, Tous contre tous. C'était en 1953, au temps de l'absurde et du néant de Beckett. C'est par ce biais que Pascale de Boysson et Laurent Terzieff décidèrent, au début des années 60, qu'ils feraient route ensemble. Elle devenant l'alter ego terre-à-terre, face à lui en rêveur dostoïevskien, les deux se rencontrant au fil de tournages, comme la Prisonnière de Clouzot. Leur histoire commune, leur oeuvre à deux, de longue haleine, fut, en 1961, la fondation de la Compagnie Laurent Terzieff. Une aventure qui leur ressemblait : solitaires et solidaires, dans des lieux privés ou très peu subventionnés. Au théâtre de Lutèce