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Libération
Critique

Salsa Naïma sur un rythme «caliente»

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publié le 10 août 2002 à 0h38

C'est une histoire d'entêtements irréductibles et de moyens dérisoires. Une affaire de rythme obsédant qui fait le ciment convivial d'une réunion de musiciens français fous de salsa. Chez eux, ce terme musical désigne génériquement toute une palette de nuances afro-hispaniques coloriant les trois Amériques : salsa à New York, timba à La Havane, merengue à Saint-Domingue, cumbia en Colombie... Le groupe de cinglés s'appelle Salsa Naïma.

Décomplexé. L'appellation s'inspire de l'expression hispanique salsa na'ma, contraction de nada mas, qui signifie «la salsa (et) rien de plus». Naïma, c'est aussi la femme de John Coltrane et le titre de l'une des plus belles compositions du saxophoniste américain. L'orchestre Salsa Naïma dit de son nom qu'il est «un clin d'oeil des Méditerranéens aux Latinos et un hommage à un monstre sacré du jazz». Le «clin d'oeil» est à la limite du bras d'honneur, quand on sait que le groupe vit dans le Var, département où prospère le vote raciste, et que Naïma est un prénom arabe.

Le meilleur morceau de ce premier Cd de Salsa Naïma, produit avec une somme ridicule, s'appelle Guajira destroy. Une inspiration tirée du vieux rythme paysan cubain guajira, cadence douce, lancinante et sophistiquée, où le groupe étale pendant sept minutes son savoir-faire décomplexé. Un métier étonnant pour une formation française. Si l'on excepte le très léger accent français du chant, on croirait que le big band (13 musiciens) Salsa Naïma fait partie des bons (et pas forcément