Jamais la chute d'un boulon n'a fait autant de dégâts : quatre ans de travaux et une facture de 125 millions d'euros. C'est que le boulon (plus exactement un rivet) est tombé de haut, 35 mètres, et au mauvais endroit : pile sur une vitrine abritant de forts beaux objets. C'était en juin 1993. La nef du Grand Palais, près des Champs-Elysées, à Paris, accueillait l'exposition «Design, miroir du siècle». Il faisait chaud. On savait le bâtiment malade : la pauvre bête centenaire penche dangereusement sur son flanc sud, côté Seine. Et il ne manquait plus qu'un incident spectaculaire pour faire déborder le vase de l'urgence. La chaleur et, subséquemment, la dilatation de la charpente métallique soutenant la grande verrière de la nef a donné la pichenette. Le boulon «miroir du siècle», l'un des 45 000 de l'édifice, amorça sa chute. D'autres étaient tombés bien avant lui, dès les années 40, un autre tombera juste après, pas loin d'un visiteur. Aucun n'avait visé si juste.
Candidatures. C'est donc pour raisons de sécurité que le Grand Palais est fermé au public depuis 1993, à l'exception du palais de la Découverte et des Galeries nationales qui squattent des parties périphériques du bâtiment. Il devait rouvrir deux ans plus tard, mais les 20 000 m2 de la grande nef restent déserts depuis bientôt neuf ans, navire au bord du naufrage. Or voilà qu'au coeur de l'été, Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, entend redonner au Grand Palais un cap et un capitaine. Il s'agit de con