Crozon envoyée spéciale
Les troupeaux de cumulus cavalent par-dessus nos têtes, épargnant la presqu'île de Crozon, au fin fond de la Bretagne. Accoudé au comptoir des Vedettes armoricaines, le patron explique la décadence de l'île de Pâques, victime, comme les îles du Finistère, du manque de pluie. Les «festivaliers du Bout du monde» seront au sec aujourd'hui, sinon au chaud. Avec 35 000 spectateurs en deux jours pour sa troisième édition, 300 musiciens, 800 bénévoles, le festival a pris des allures de mini-Woodstock. Depuis un mois et demi, les organisateurs (Quai Ouest, des Brestois) travaillent à nettoyer les prairies du Landaouec et le fort du XIXe siècle, à l'abandon le reste de l'année. Il faut recâbler entièrement le site, éclairer des kilomètres de chemins, un travail de titan qui sera ensuite démonté.
Coqueluche. Le festival le mérite, avec sa programmation équilibrée de toutes les tendances world, et des chances offertes à de jeunes groupes, la Ruda Salska, Jim Murple Memorial, Youssou Mané, Yog Sothoth. Les fanfares sont à la mode ? Le festival s'ouvre avec un Kocani Orkestar qui souffle le feu, agitant ses bedaines, secouant ses hanches de coq. La plus célèbre des fanfares macédoniennes (voir et entendre Underground de Kusturica) a quelque chose de pantagruélique. Sa boulimie a tout dévoré, des airs militaires turcs aux loukoums de la variété : bref, de la «pure» tsigane. Après eux, le jazz de Ray Barretto a un air compassé.
Le Bout du monde est l'un des derniers fe