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Libération

Et le diable chanta la musique de Dieu

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Le groupe de gospel The Blackwood Brothers inspira le King.
publié le 16 août 2002 à 0h40

Dieu a inventé le diable, mais qui a inventé le rock ? Dieu, bien sûr, même si les bigots s'en sont offusqués. La musique de Dieu, celle du diable, c'est une seule et même chose. Paraît aujourd'hui, chez Bear Family Rock-A-My-Soul, somptueux coffret de cinq CD des Blackwood Brothers, groupe de gospel blanc que le jeune Elvis idolâtrait et preuve irréfutable que les racines de la musique de Presley sont avant tout religieuses. Ce glissement du religieux vers le profane (et vice versa), on le retrouve dès les débuts de la musique enregistrée : Thomas A Dorsey, plus connu sous le nom de Georgia Tom comme pianiste de bordel et chanteur de blues, est l'inventeur du terme de gospel music et de son format classique voix-piano. En 1928, à la mort de sa première femme, sous le coup d'une illumination, Dorsey compose et enregistre le premier titre gospel, un merveilleux blues religieux. Celui qui ne comprendrait pas les paroles n'y verrait que du feu, un blues de campagne brûlant comme l'enfer. Dorsey composera plus tard des milliers de chansons, notamment Peace in the Valley que le jeune Presley chantera au Ed Sullivan Show en 1957. Quelques minutes plus tôt, il balançait Don't Be Cruel à la face d'une Amérique incrédule. Laisser tomber la musique du diable pour celle de Dieu, c'est juste changer les paroles. La musique est la même, toujours la même.

Déhanchements. Pour Elvis Presley, les remuants Blackwood (qu'il voit sur scène dès 1950, à l'âge de quinze ans) sont avant tout des cha