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Libération

Une nuit avec Picasso, la même avec Matisse

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Pour la fin de l'exposition sur les deux peintres, la Tate Modern de Londres est restée ouverte 36 heures d'affilée.
publié le 19 août 2002 à 0h41
(mis à jour le 19 août 2002 à 0h41)

Il a l'air passablement éméché, se balance sur ses jambes avec des angles défiant les lois de l'équilibre. Quand on croit qu'il va vous tomber dessus, il se redresse net : «Vous vous reposez après l'avoir vue, ou vous prenez des forces avant ?», demande-t-il. «Moi, j'ai vu cette putain de fabuleuse exposition vingt-trois fois et je n'ai toujours pas trouvé la réponse.» «Quelle est la question ?», demande-t-on. Le type qui se dit peintre bafouille trois mots et puis s'en va. Il revient quelques minutes plus tard : «Une tragédie est en train de se jouer sous nos yeux, car demain soir, c'est la fin.» La fin de l'exposition «Matisse-Picasso» qui se tient à la Tate Modern de Londres. Et, pour l'occasion, le célèbre musée à turbine de la Tamise a décidé, première fois de son histoire, d'ouvrir ses portes 36 heures d'affilée, englobant la nuit de samedi à dimanche. Nous y sommes, la nuit commence.

22 heures. Les quais devant l'ancienne usine à gaz ont commencé à déborder de monde. Les spectateurs du Globe, qui viennent d'applaudir à n'en pas douter un chef-d'oeuvre du théâtre élisabéthain, se déversent en flot continu sur la promenade qui longe la rive sud de la Tamise. La brise rafraîchit les corps ratatinés par la canicule de la journée. Enfin, on respire. Un jeune couple s'enlace : «Viens à la Tate... Je te trouverai un coin pour dormir pendant que j'irai voir les Picasso», plaide-t-elle. Plus loin, le Millenium Bridge, connu sous le sobriquet de Wobbly Bridge (f