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Libération

Chillida passe la main

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Le grand sculpteur basque est mort hier à 78 ans.
publié le 20 août 2002 à 0h41

«Il aimait Bach, Heidegger et le football...» Ce pastiche à la Love Story ne convient guère pour servir d'épitaphe à Eduardo Chillida, l'un des plus grands sculpteurs de la seconde moitié du XXe siècle, certainement le plus célèbre parmi les artistes basques. D'ailleurs, ses vigoureuses sculptures de fer, amarrées à des sites naturels, servent de sémaphore à une identité basque d'où toute nostalgie, pourtant, est absente et qui s'accroche grâce à lui à la culture moderne.

Fils d'un militaire et d'une musicienne, Eduardo Chillida est né le 10 janvier 1924 à Saint-Sébastien, au Pays basque espagnol. Tout jeune, il se rêve en footballeur, exerce quelque temps comme gardien de but, à un bon niveau, se blesse au genou. Etudes d'architecture, puis de dessin et de sculpture à Madrid, qu'il abandonne là encore. A Paris, en 1948, il découvre le milieu de l'art d'après-guerre, le travail de Brancusi et de l'Américain Ellsworth Kelly, avec qui il montre son travail dès 1950 dans une exposition de groupe, «Les Mains éblouies» à la Galerie Maeght. Le titre sonne rétrospectivement comme un leitmotiv applicable à l'obsession de Chillida pour la main ­ «ce n'est pas une question de figuration. C'est une articulation d'une extraordinaire richesse, (...) un lieu d'étude, une banque de formes, qu'on a toujours à portée et qu'on peut toujours questionner», expliquait-il dans Libération (18 septembre 1992). Déjà, à Madrid, depuis ses débuts, Chillida s'était forcé à dessiner de la main gauche, au