Berlin de notre correspondante
Si Leni Riefenstahl s'obstine encore à jouer les immortelles, on pourrait en faire le «mémorial allemand de l'Holocauste», vient de proposer l'hebdomadaire Die Zeit. La vieille dame, plissée de rides, qui, plus de cinquante ans après, reconnaît qu'elle s'est laissé fasciner par Hitler mais refuse d'avouer la moindre culpabilité personnelle, tend un miroir cruel à l'Allemagne. «Ce quasi dernier vestige physique du refoulement collectif nous provoque et perturbe notre aspiration à surmonter enfin le passé», observe encore Die Zeit, à l'occasion de cet anniversaire. En cela, Riefenstahl ferait mieux l'affaire que les «pierres lisses» qu'il est prévu d'ériger au centre de Berlin pour commémorer l'Holocauste : elle serait le mémorial «que nous avons vraiment mérité», suggère le journal.
La centenaire de Pöcking, son village bavarois, continue de travailler à sa réhabilitation. C'est un sujet difficile pour l'Allemagne qui, même si elle accorde beaucoup d'attention aux anniversaires, n'a prévu aucune cérémonie officielle pour ses 100 ans. «Comprenez, c'est une personnalité très controversée», expliquait hier le bureau du chargé de la Culture à la chancellerie, pour expliquer que le gouvernement préfère s'abstenir de tout geste, fleurs ou même télégramme de félicitations. Même embarras chez Greenpeace, l'organisation écologiste pour qui Leni Riefenstahl dit volontiers militer : «Pour nous, Leni Riefenstahl n'est qu'un membre donateur parmi 510 000 autre