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Libération
Critique

La rédemption de Lubin Baugin

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publié le 22 août 2002 à 0h42

Au musée des Augustins de Toulouse, sans rien demander à personne, un petit homme chauve prend son billet, l'après-midi du vernissage d'une exposition consacrée à Lubin Baugin, peintre français oublié depuis sa disparition, en 1663. Cet homme discret, au regard pétillant, est le commissaire scientifique de la manifestation. Professeur au Collège de France, il s'appelle Jacques Thuillier. Cette exposition est sa dernière, avant une retraite bien méritée. Une heure plus tard, c'est lui qui présentera les tableaux au ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, qui devra plus d'une fois se pencher pour percevoir le filet de voix de son interlocuteur. Jacques Thuillier ne s'en montre pas moins passionné, mettant son ardeur à réhabiliter un peintre qu'il juge injustement «condamné par l'histoire». Avec d'autres, comme Pierre Rosenberg, cet esprit curieux aura consacré l'essentiel de sa vie d'historien d'art à redonner la place qu'elle mérite à la peinture française du XVIIe. Son avant-dernière exposition, à Montpellier, consacrait Sébastien Bourdon.

«Voici que sur nos pas les portes se referment», inscrit-il en exergue du catalogue Lubin Baugin, dédié à Jean Coural qui, il y a quarante ans, lui proposa de monter à Versailles sa première exposition, sur Charles Le Brun, le peintre de Louis XIV. En introduction, le professeur n'hésite pas à comparer le sort réservé à Baugin à celui de Georges de la Tour, l'admirable peintre lorrain caravagesque. «C'est un peintre qui vécut une cin