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Libération
Critique

Interpol rouvre le dossier

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publié le 30 août 2002 à 0h48

Ce n'est plus un secret pour personne : les années 80 sont à la mode. Depuis qu'en 1998 le microtube Space Invaders are Smoking Grass, du Néerlandais I-F, a réhabilité les poses synthétiques, on ne compte plus les groupes qui revisitent cette décennie, un temps honnie. Cette crise régressive (jamais pleinement assumée) a d'abord frappé la scène électronique (Miss Kittin & the Hacker, Fisherspooner, Adult...), avant d'atteindre dorénavant de nombreux groupes catalogués «rock».

Cette rentrée, au côté de Liars, Radio 4 et bientôt The Rapture, le premier album des jeunes New-Yorkais Interpol est sans doute celui qui incarne cette tendance de la manière la plus absolue. Turn on The Bright Light a tout pour enchanter les indécrottables nostalgiques de la new wave : guitares incisives et toutefois lyriques, batteries mortuaires, tentation d'emphase vocale... Tandis que les autres devraient apprécier le punch électrique et les enviables dispositions mélodiques de ce quatuor.

«Mélancolique». On pourrait évidemment multiplier les références. Pour faire court, convenons qu'Interpol évoque le parfait alliage entre les Cure du début et les Chameleons (un bon petit groupe de Manchester souvent méprisé pour l'extrême naïveté de ses pochettes aux couleurs pastel). Pressé de décrire leur musique, Paul Banks, chanteur et deuxième guitare d'Interpol, tente une définition qui semble convenir à ses camarades : «Un rock atmosphérique d'humeur incertaine ("ambient moody rock").» L'adjectif «gothique