Venise envoyé spécial
Le premier festival de cinéma de Venise s'est déroulé en 1932, dix ans après l'arrivée du Duce au pouvoir. A l'époque, on distribuait des coupes Mussolini à tour de bras, au péplum de propagande de Carmine Gallone Scipion l'Africain (1937) ou au Dieux du stade de Leni Riefenstahl (1938). Aujourd'hui, la Mostra souffle ses soixante-dix bougies, même si elle n'en est réellement qu'à sa 59è édition. Parce que le festival n'eut pas lieu entre 1943 et 1946, et qu'il prit une tournure non compétitive durant les années 70, suite à la contestation gauchiste post-68.
Démission. L'édition 2002, qui a démarré hier soir par la projection du film américain Frida, de Julie Taymor, sur la peintre mexicaine Frida Kahlo, est sous haute surveillance. Moritz de Hadeln, directeur du Festival de Berlin pendant vingt-deux ans, a pris, fin mars, les commandes d'un navire voguant en pleine mer des Sargasses politique. En effet, Silvio Berlusconi, escorté de son ministre des Biens culturels Giuliano Urbani, a créé la plus vive émotion en chamboulant divers organigrammes stratégiques, plaçant des hommes à lui aussi bien au Centro Sperimentale, la fameuse école de cinéma de Rome (le sociologue Francesco Alberoni), qu'à la tête de la présidence de la Biennale de Venise (un gestionnaire venu des télécommunications, Franco Bernabè). Cette dernière nomination, en remplacement du respecté Paolo Barata, a entraîné un conseil d'administration de crise et une démission collective de tous l