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Libération
Interview

«J'étais un hors-la-loi»

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publié le 2 septembre 2002 à 0h50

Son nom n'est pas très connu, mais Herschell Gordon Lewis a eu un rôle non négligeable dans l'histoire du cinéma. Ce vieux monsieur raffiné est l'inventeur du gore («sang», en anglais). Autrement dit, ces films où le scénario n'est qu'un prétexte à déverser de l'hémoglobine. Digne héritier du théâtre du grand Guignol, qui ferme ses portes peu avant son premier outrage, Blood Feast, Herschell Gordon Lewis réalise de 1960 à 1972 une quarantaine de nanars dont une dizaine d'ironiques boucheries. Des bandes fauchées, tournées en quelques jours avec des acteurs ineptes et des effets spéciaux risibles, mais qui ont ouvert une porte. Dans Blood Feast, son oeuvre la plus célèbre tournée en 1963, un traiteur égyptien prépare un repas de chair humaine ; dans 2 000 Maniacs, un village de Sudistes massacre des automobilistes nordistes égarés ; dans The Wizard of Gore un magicien éviscère les volontaires hypnotisés...

Herschell Gordon Lewis a la franchise de se dire plus capitaliste qu'artiste. «Le cinéma est un business brutal. Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour les prétendus "auteurs". Ils ne sont pas compétitifs.» Durant douze ans, il a tourné ses quatre films à l'année. Des films de motos, de nudistes ou de délinquants juvéniles, «mais aucun filon n'a été aussi rentable que le gore». L'Etrange Festival rend hommage à cette croquignolette figure du show-business, alors qu'après trente ans de silence il vient de donner une suite à Blood Feast.

Comment un respectable professeur de let