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Libération

Lionel Hampton a rendu lames

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Le vibraphoniste est mort à 94 ans d'une crise cardiaque.
publié le 2 septembre 2002 à 0h50

On avait fini par le croire immortel. Mutant échappé d'un épisode de X-Files ou extra-terrestre sous surveillance M.I.B. A cause de ce côté androïde qui l'habitait une fois qu'on l'avait posé devant son vibraphone. Alors, l'octogénaire semi-impotent qu'était devenu, hors scène, Lionel Hampton, retrouvait subitement la vigueur de ses 20 ans. Son visage se métamorphosait, son sourire se figeait comme si son cerveau subissait la fulgurance d'un shoot de swing pur, et les doubles mailloches qui prolongeaient ses mains soudain raffermies commençaient à mouliner au-dessus des lames métalliques. Après quoi, le spectacle terminé, Lionel Hampton semblait s'éteindre, comme si un technicien pointilleux s'était résolu à le débrancher. Puis, soutenu par des bras fermes, il claudiquait péniblement vers un autre lieu musical, synonyme d'un nouveau moment de félicité.

Virtuose. Showman époustouflant, comme Cab Calloway, son aîné de deux ans, Lionel Hampton était surtout un virtuose-né, quel que soit l'instrument qu'il choisissait d'utiliser. Bien avant d'imposer l'usage du vibraphone dans le jazz, c'est en effet comme batteur que Lionel Hampton avait débuté, à 17 ans. Chez Paul Howard et Les Hite d'abord, puis chez Louis Armstrong, qui, le premier, devait subodorer le potentiel peu commun de cet adolescent bégayeur, percussionniste surdoué, mais également bon pianiste et honorable chanteur.

A ce moment-là, Lionel Hampton, né à Louisville (Kentucky), sort tout juste de Chicago, où il a passé