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Libération
Critique

Depardon se fond dans le désert

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59e Mostra. Le documentariste signe une fiction minérale.
publié le 5 septembre 2002 à 0h51

Qu’est-ce qui se passe avec les clowns, à la fin ? Quelqu’un peut-il nous répondre ? D’abord, un court métrage d’une Russe, Irina Efteeva, qui, après avoir soutenu une thèse de troisième cycle sur «le processus de formation des genres dans l’animation soviétique de 1960 à 1980. Du conte à la structure polyphonique» (hélas, inédite en France), signe un court métrage, Clown, sur l’auguste Slava Polunin. Ensuite, Clown in Kabul, un docu sur une vingtaine de clowns italiens administrant aux enfants blessés dans les hôpitaux afghans le traitement de cheval de la rigolo-thérapie. Enfin, le Bear’s Kiss de Serguei Bodrov, coprod infernale située dans le milieu du cirque, avec la trapéziste Lou et le clown Groppo : on a tenu une demi-heure ­ et encore, en mâchonnant nerveusement la mousse du fauteuil. Si on voit encore un nez rouge quelque part, on sort notre pistolet (à eau), ou alors, on publie une somme théorique au PUF sur Clown et Misanthropie, 800 pages écrites serré. Sans photo.

Eternel gueux. Un homme sans l'Occident de Raymond Depardon a été tourné au Tchad dans le désert du Sahara. Il s'inspire librement d'un livre de Diego Brosset qui fit partie des troupes coloniales françaises au début du XXe siècle et qui écrivit ce texte du point de vue de l'ennemi, prêtant voix à un orphelin africain, Alifa (Ali Hamit), chasseur, nomade, pillard, éternel gueux, rebelle à l'avancée des blancs, ces «nazaris» vouant un culte à Jésus-Christ. La lutte continuelle pour acquérir l'indépendanc